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Actualités et politique

La mort du loup

Image dans Infobox.

"Qu’est-ce que le bonheur ? C’est le moment à partir duquel vous vivez ce que vous espériez vivre. Où il y a adéquation entre le ressenti de votre vie et ce que vous espériez. Mort ou pas mort, j’ai été intensément heureux !" Axel Kahn

Axel Kahn  avait choisi le loup comme totem pour ces derniers arpents de vie comme il le précisait dans son blog. Un grand merci Monsieur Kahn pour tout ce que vous avez partagé, pour votre foi en l’être humain et votre magnifique philosophie de vie. Dans cet article de son blog ( clic) ,  il citait les derniers vers de ce poème.

Soyez certain que vous êtes et resterez “un type bien”

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Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l’incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l’horizon.
Nous marchions sans parler, dans l’humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. — Ni le bois, ni la plaine
Ne poussait un soupir dans les airs ; Seulement
La girouette en deuil criait au firmament ;
Car le vent élevé bien au dessus des terres,
N’effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d’en-bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
Rien ne bruissait donc, lorsque baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s’étaient mis en quête
A regardé le sable en s’y couchant ; Bientôt,
Lui que jamais ici on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçaient la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux,
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions pas à pas en écartant les branches.
Trois s’arrêtent, et moi, cherchant ce qu’ils voyaient,
J’aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse ;
Mais les enfants du loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu’à deux pas, ne dormant qu’à demi,
Se couche dans ses murs l’homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa louve reposait comme celle de marbre
Qu’adoraient les romains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
Le Loup vient et s’assied, les deux jambes dressées
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s’est jugé perdu, puisqu’il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante
Et n’a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu’au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu’à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;
Nos fusils l’entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
II
J’ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n’ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l’attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux la belle et sombre veuve
Ne l’eût pas laissé seul subir la grande épreuve ;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l’homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.
Hélas ! ai-je pensé, malgré ce grand nom d’Hommes,
Que j’ai honte de nous, débiles que nous sommes !
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C’est vous qui le savez, sublimes animaux !
A voir ce que l’on fut sur terre et ce qu’on laisse
Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.
– Ah ! je t’ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m’est allé jusqu’au coeur !
Il disait : " Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu’à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j’ai tout d’abord monté.
Gémir, pleurer, prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le Sort a voulu t’appeler,
Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler.

Alfred de Vigny


Un autre son de cloche

Défi écriture no 71 .

Pour l’atelier 128 de Ghislaine un clic sur le logo.

Les mots : Reine, farouche,moment,tenir, yeux, comme,tout,quand.

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Vous n’êtes pas sans  savoir que nous fêtons  les 800 ans de notre lanterne du bon Dieu ( clic sur l’image ci dessus )  . Bien sur cette année un invité indésirable , farouche partisan de la zizanie,  nous a privé pour l’instant d’ une partie des évènements prévus à  cette occasion, comme  l’exposition Chagall passeur de lumière, au centre Pompidou   . Quand bien même ce virus sournois continue à nous escagasser ,   tout n’est pas annulé, certaines dates sont reportées au mois de septembre, d’autres à l’année prochaine . 

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Les expositions à l’intérieur de l’édifice accueillent d’ores et déjà le public ( bien évidemment masqué ), il est possible de retrouver l’histoire de  la cathédrale au fil des siècles et de découvrir les  restaurations réalisées par l’ architecte allemand Paul Tornow  .

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Pour une fois ce ne sont pas uniquement  les vitraux de la nef qui m’attirent,

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non, je tiens à photographier  la reine du moment  , une nouvelle cloche de quelques 500 kilos, sonnant en  do #4,   du nom de Paul , offerte  par Renaud Bartylla(  un jeune passionné campanophile  et futur séminariste de Lixheim )

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avant qu’elle ne soit hissée dans la tour du chapitre. Elle sera en bonne compagnie avec  Marie , Catherine , Clément , Marie Immaculée et Etienne  . Il est sur que ce mercredi 29 juillet, place St Etienne, de nombreuses personnes suivront des yeux cette ascension .

En attendant je vous propose de l’écouter :