croqueurs de mots
Pour les croqueurs de mots Martine à la barre un clic sur le prénom et sur le logo.
Pour le début de roman : “c’est fini “ la promesse de l’aube de Romain Gary
Pour la fin de roman : “ cela peut arriver à n’importe qui “ petits regrets et grands mensonges de Liane Moriarty
C’est fini . Erwan, Adrien , Fred, leurs compagnes Brenda, Eilen et Flore disent adieu à la terre, bonjour l’inconnu . Ils le savaient qu’un jour ils seraient obligés de tenter l’expérience , ils se préparaient depuis des années déjà . Ils avaient mis au point leur plan , choisi leur vecteur de dématérialisation, des graines au pouvoir incroyable de télétransportation . Ils avaient opté pour un retour dans un passé sans conflit qui les protègerait de cette catastrophe nucléaire proche . Les gouvernements successifs des grandes puissances n’avaient jamais voulu stopper l’escalade de l’armement , les provocations n’engendraient que surenchère d’équipement . Chacun bien entendu montrant l’étendue de sa puissance nucléaire en organisant de gigantesques défilés pour impressionner son adversaire . C’est pourquoi juste avant que la guerre ne soit engagée, ils avaient avalé le contenu des petits sacs de graines et l’espace temps s’était soudain altéré .
Erwan est le premier à plonger dans cette spirale de distorsion spatiale . Quelle drôle de sensation , une sorte de vertige sans fin , l’ écho d’une percussion métallique dans les oreilles , des flashs en continu devant les yeux . Puis un grand silence laissant s’infiltrer l’angoisse dans le moindre centimètre carré de peau au point qu’il en frissonne . Revenant de sa stupeur, il écarquille les yeux , devant lui apparaissent tour à tour Fred , Adrien, leurs compagnes et Brenda sous une sorte d’immense parapluie diffusant lumière et musique cosmique envoutante , une version particulière de Tangerine Dream .
La surprise est totale quant à l’endroit où ils se trouvent , chacun s’interroge sur cet environnement plus qu’insolite .
“Vous reconnaissez les lieux ? “ demande Erwan
“Non “répondent ils en chœur.
Ils essayent de marcher mais une force invisible les plaque au sol , impossible de s’aventurer au delà de la surface couverte par l’immense ombrelle . Qu’est ce qui a bien pu se passer pendant le transfert , ils auraient du revenir dans le passé , c’est ce qui était prévu, là, visiblement ils sont dans un futur dont ils ne maitrisent pas du tout les codes .
Erwan demande à Fred :
“Quand tu as préparé les graines, as – tu bien veillé à ce qu’elles ne soient pas issues de plantes génétiquement modifiées ? “
“ Bien sur , pour qui me prends tu , pas question de risquer quoique ce soit avec une mutagénèse , non cela ne vient pas des graines “ répond Fred
“ Où les as – tu entreposées ? “ demande Adrien
“ Sur des étagères dans le cellier , pourquoi ? “
“ J’ai comme l’impression que nous ne sommes pas les seuls à les avoir mangées regarde , cette drôle de chenille , tu n’as pas enfermé les graines dans un bocal après le dessiccateur ? “
La mimique de Fred est des plus parlantes, non il a oublié, il les a juste mises dans un sachet comme de vulgaires semis de fleurs . Cette chenille et peut être d’autres bêtes ont pu s’infiltrer à l’intérieur , entrer en contact avec elles et modifier une partie de leurs propriétés.
“Non mais quel andouille ! tu te rends compte dans quel pétrin tu nous mets là ? “ ne peut s’empêcher de dire Adrien
“ Et dire que tu maitrisais soit disant tout “ rajoute Erwan
Le ton monte , ils ne sont pas loin d’en venir aux mains quand Brenda s’en mêle
“ Mais arrêtez donc vos enfantillages , vous êtes pire que des gamins de 6 ans ! Fred et Adrien vous n’avez jamais eu un moment d’inattention, commis une erreur ? Cela peut arriver à n’importe qui .
L’ Antoine était déjà levé …..
Pour les croqueurs de mots Lilousoleil à la barre un clic sur le logo .
Si je comprends bien le principe du logorallye , il faut commencer par le premier terme faucard et enclencher au fur et à mesure dans l’ordre tout ce qui suit dans un texte . Bon c’est parti .
L’Antoine était déjà levé depuis un bon moment , il avait affuté son faucard consciencieusement pour couper les herbes de l’étang de Monsieur le marquis de la Rivedanface , rien de tel qu’un outil au tranchant impeccable .
Il sortit donc de chez lui et se préparait à rejoindre la bastide quand il vit Marcel le boucher sur le chemin des flamants roses .
“ Oh dis l’Antoine, tu ne pourrais pas me donner un petit coup de meule sur mon fentoir , je trouve qu’il a comme un coup de mou depuis quelque temps , là il faut que j’aille rejoindre l’Emile au mas de la Cigale pour la ferrade “
“ Pour sur , tu peux me le laisser , je m’en occuperai juste après le désherbage de l’étang “
“ Merci l’Antoine , je te garde un bon filet de ma dernière bête, celle qui a profité au maximum de l’abondance de la fétuque de mes prés, tu verras c’est un régal ”
“ T’es un vrai frère pour moi Marcel , merci. Ce n’est pas Isidore , mon cousin, qui se montrerait aussi généreux . Il a beau être ferrandinier et ne manquer de rien , jamais il ne me laisse le moindre petit morceau de soie, et pourtant je lui en ai rendu des services . J’ai même accepté d’être son fidéjusseur quand il a monté son affaire . Mais dans la famille ils sont tous un peu frileux de l’escarcelle . Allez je te laisse , le travail m’attend “
Après avoir pris congé de Marcel , Antoine se rendit directement sur les berges de l’étang . Tout en coupant les herbes aquatiques , il songeait qu’il avait bien de la chance de ne pas habiter un des ces pays d’Afrique où la filaire se transmettait par le moustique , car là où il se trouvait ces fichus insectes pullulaient . Il avait beau avoir le cuir épais , s’être enduit de citronnelle des pieds à la tête , il s’en trouvait toujours un ou deux qui réussissaient à le piquer .
Il n’allait pas se plaindre quand même car ce travail était bien moins pénible que celui du filetoupier qui devait battre et battre à longueur de journée pour séparer la graine de la filasse .
De plus il en retirait quelques avantages, le marquis l’invitait souvent à la chasse pour traquer le “fissipède” noir , comme il disait . C’était fou ce que ces gens de la haute parlaient bizarrement quand même , ils ne pouvaient pas dire sanglier ou cochon comme tout le monde ! En fin de journée pour arroser la partie de chasse ça il s’y connaissait le marquis , les traqueurs avaient droit comme tous les autres chasseurs au meilleur rosé de la bastide , celui tiré directement du gros tonneau en chêne , celui qui portait encore le fausset ,car bien sur il avait fallu le gouter avant pour ne pas servir de la piquette aux invités .
Au fur et à mesure de la journée Antoine laissait aller son esprit comme une flette sur la rivière de ses pensées . Sa dernière traque il la revivait comme si c’était hier , toute une compagnie de cochons incapables de forlonger les chiens et qui n’avaient pas trouvé leur salut en traversant la rivière continuaient à passer devant ses yeux . Le soir il était tellement fatigué par la marche et le repas arrosé qu’il s’était endormi sur la table de la cuisine . Le lendemain il fut tout étonné de tenir entre ses mains non la fonçaille de la paillasse du lit mais un barreau de chaise . Décidément il faudrait dorénavant faire un peu plus attention à ces soirées , Dieu sait si un jour il ne se retrouverait pas en fustanelle dans son logis !