Un hiver avec le diable
“D’un regard il a perçu derrière son incroyable allure de Garbo brune un secret, une fêlure. Robert Duvinage est un escroc à la petite semaine , avec le charisme du diable . Hortense Weber a tout pour l’intriguer . Que cache cette institutrice célibataire, une Alsacienne venue s’exiler à Erquignies, avec son bébé sous le bras ?
Huit ans après la libération, en pleine guerre d’Indochine , suspicions et plaies de l’Occupation couvent toujours dans ce bourg près de Lille . A la veille du procès d’Oradour, les tensions sont ravivées par un incendie criminel dans une ferme voisine, qui tue deux élèves d’Hortense . Parcequ’il veut confondre l’assassin et parce qu’il veut veiller sur Hortense , en proie à une peur permanente , Robert suspend un temps ses activités louches et joue l’épicier du bourg. Serait – ce un moyen de soulager sa conscience ? “
Avec ce roman de Michel Quint nous retrouvons l’Histoire dans l’histoire où l’auteur se penche sur les fêlures de l’être humain , ses trahisons, ses faiblesses, une analyse qui se veut non manichéenne . Un roman d’amour, oui certes car entre Hortense et Robert il se passe quelque chose dès le premier regard mais c’est aussi une formidable chronique de l’après guerre avec tous les non – dits et les ressentiments d’une France divisée, il faut solder des comptes, juger , désigner des collabos, ne pas se tromper . Quant aux personnages de ce roman ils sont brossés avec un tel talent , tendresse et poésie , qu’ on les imagine non seulement physiquement mais aussi moralement . Un roman que j’ai dévoré en deux jours , même si parfois le style particulier de l’auteur nous force à revenir sur certaines phrases pour prendre pleinement conscience de chaque mot .
Un petit mot de la rencontre organisée par la bibliothèque de la Patrotte .
Nous avons fait connaissance avec Michel Quint , un auteur très sympathique qui maitrise parfaitement tous les sujets qu’il aborde . Un tour d’horizon passionnant de sa carrière avec un animateur hors pair .
Un partage sur sa façon d’écrire , ses prises de notes autant sur carnets, dos d’enveloppes, que celles plus orales que la nuit lui dicte . Une petit incursion aussi dans sa vie privée avec l’évocation de Brigitte, son amour de jeunesse perdu à dix sept ans , de leurs retrouvailles après trente huit ans de séparation , de leur mariage célébré par Martine Aubry “Toutes ces années, j’ai écrit parce que ça m’aidait à vivre sans Brigitte. »
Michel Quint nous parle aussi de son amitié avec Jacques Villeret l’interprète de Jacques Pouzay dans “effroyables jardins” adapté au cinéma par Jean Becker , un homme exceptionnel avec qui il a partagé beaucoup .
Il nous confie aussi son amour pour le théâtre, comment tout a commencé à l’école et continué en semi professionnel à Tourcoing avec Gildas Bourdet mais à 20 ans ayant perdu ses parents il se tourne vers l’éducation nationale il mènera de front sa carrière d’enseignant et d’écrivain .
Il insiste aussi sur le problème de responsabilité collective ou individuelle qui se pose aussi comme dans son livre à l’heure actuelle après la vague d’attentats que nous connaissons .
” Il y a des gens, notamment parmi les musulmans, qui se disent "c’est pas mon problème, je ne suis pas un terroriste". "Ces terroristes agissent-il en mon nom, ou pas ? " En 1953, la question se serait posée avec les communistes… Et il y en a d’autres qui plaident pour une responsabilité individuelle. C’est un questionnement toujours actuel, mais je n’ai pas voulu l’aborder dans un contexte actuel, d’autant qu’en Alsace, cette question est toujours sensible. J’ai besoin d’un ancrage dans l’actualité, mais je cherche dans le passé les origines de cette actualité. La conscience de l’histoire épaissit notre vision actuelle des choses ; l’œil devient plus précis, plus analytique.”
Il évoque aussi son prochain roman, depuis un certain nombre d’années le rythme est de un par an et sa volonté de bientôt renouer avec le polar . Il est vraiment dommage que peu de personnes se soient déplacées car c’était vraiment un moment exceptionnel . Un grand merci aux bibliothécaires de la Patrotte pour toute l’organisation de cet évènement .
Quelques extraits de “ un hiver avec le diable “ :
“Chacun est responsable de soi , vivre c’est essayer de choisir. Essayer. Parceque parfois , dans l’addition, au moment de faire la somme de nos actes, comme dit Sartre, on se retrouve avec des ratés involontaires, des trucs qu’on ne se souvient pas avoir commandés , et faut bien les payer avec le reste …..”
“Au Cheval l’aile gauche des consommateurs refuse la loi scélérate et l’excuse absolutoire qui mettrait les Alsaciens hors de cause . En même temps il s’en trouve pour pour rappeler les représailles contre la famille , déportation, et tout le tremblement si on ne s’engage pas et Robert déduit l’air de causer de résultats sportifs , de rien, que dans ce cas là la liberté , le libre arbitre sont une condamnation , un châtiment, un faux choix où le pire , la souffrance et la mort , l’indignité, se trouve des deux côtés de l’alternative. Choisir le sacrifice d’un être aimé ou d’un autre aimé autant, c’est pire que si les deux disparaissaient sans notre choix “
“ Et que les mémoires cessent de bégayer, que les yeux de tous demeurent grands ouverts sans ciller. Ces intermittences de certains jours, certaines nuits, ces moments de plaies débridées, de sacs vidés, de roi nu, de vérités enfin dites, où on tranche dans le vif, où il se sentira lié aux autres, pas à tortiller, tout ça reste gravé, même avec des mots pompeux à vomir.”
Un homme qui méritait ta page du jour Jazzy et tu en parles si bien qu’on va essayer de ne pas l’oublier dans nos lectures, merci, bises
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10 avril 2017 à 0 h 42 min
Connais pas du tout ce Monsieur…
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10 avril 2017 à 9 h 03 min
Bonjour d’Angers … (ville où il fait bon vivre) …
Un hiver avec le diable ! On peut dire aussi : un hiver au chaud ! …
Bonne journée … Amicalement … ¢ℓαυ∂є …
… Néanmoins, “Je vois la vie en Mauges”
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10 avril 2017 à 10 h 14 min
merci Gisèle pour ce billet, c’est vraiment très agréable de partager avec les auteurs de ces livres qui nous font rêver et réfléchir. Je vais le lire , tu m’en a donné envie Bonne journée MTH
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10 avril 2017 à 14 h 55 min
Je note le titre de ce livre bien sûr. Tu as fait là une belle rencontre, c’est émouvant de mettre un visage et d’approcher toutes ces personnes qui nous passionnent par leur écrit!
Bises du jour,
Mireille du Sablon
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10 avril 2017 à 14 h 55 min
Une rencontre bigrement intéressante, merci de la partager avec nous Jazzy.
Bises et bon début de semaine
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10 avril 2017 à 14 h 57 min
J’ai lu ton billet, tellement bien écrit, avec grand intérêt !!! J’ai glissé dans mon agenda, non virtuel , les références du livre ! Grand merci et gros bisous du Nord
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10 avril 2017 à 15 h 07 min
Une rencontre très, très intéressante, Gisèle et si bien relatée par toi !
Bonne poursuite de ce lundi !
Bisous♥
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10 avril 2017 à 16 h 26 min
Un auteur à découvrir vu comme tu en parle, merci. Bisousssss
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10 avril 2017 à 17 h 36 min
Merci Jazzy… je vais proposer à la responsable des conférence d’essayer de joindre Michel Quint…peut-être acceptera t il de venir jusque dans les Yvelines un jour !
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10 avril 2017 à 19 h 36 min
Bonjour,
un beau partage d’un auteur que je découvre avec ta présentation, un sujet grave et d’actualité, j’imagine que la rencontre ai été intéressante.
Bonne soirée
Bises
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11 avril 2017 à 15 h 46 min
Une page qui m’a fortement intéressée..J’avais vu, entendu, apprécié Michel Quint lors d’une émission littéraire..J’ai lu « Effroyables Jardins ».
Je n’ai pas acheté son dernier livre lors du Salon de dimanche…..mais je dois dire que ce que tu en dis me donne vraiment envie de m’y plonger!!
Roger et moi avons fait de belles rencontres sous le chapiteau planté Place de la République.
Bisous encore ensoleillés .
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11 avril 2017 à 19 h 03 min