Ici l'oeil et l'oreille restent disponibles

Jeudi poésie

Gourmandise_cs9q9DlRNdeHr1NTv9vpewty4hA@300x251

Fanfan ( clic) à la barre du vaisseau des croqueurs de mots pour la quinzaine nous propose pour ce jeudi un extrait d’une pièce classique de Molière, Racine ou Corneille.

J’ai choisi la scène de l’aveu de Phèdre , celle de la passion destructrice révélée.

Une tirade apprise il y a bien longtemps maintenant mais qui reste encore en mémoire .

 

Sarah Bernhardt dans "Phèdre" (détail), dessin de Toulouse-Lautrec, 1893.  Reproduit dans L'Escarmouche, 1ère année, n°7 (24 décembre 1893)

Dessin de Henri de Toulouse Lautrec Sarah Bernhardt dans Phèdre

Phèdre Acte II scène 5

Ah ! cruel, tu m’as trop entendue !

Je t’en ai dit assez pour te tirer d’erreur.

Eh bien ! connais donc Phèdre et toute sa fureur.

J’aime. Ne pense pas qu’au moment que je t’aime,

Innocente à mes yeux, je m’approuve moi−même,

Ni que du fol amour qui trouble ma raison,

Ma lâche complaisance ait nourri le poison.

Objet infortuné des vengeances célestes,

Je m’abhorre encor plus que tu ne me détestes.

Les dieux m’en sont témoins, ces dieux qui dans mon flanc

Ont allumé le feu fatal à tout mon sang ;

Ces dieux qui se sont fait une gloire cruelle

De séduire le cœur d’une faible mortelle.

Toi−même en ton esprit rappelle le passé.

C’est peu de t’avoir fui, cruel, je t’ai chassé :

J’ai voulu te paraître odieuse, inhumaine,

Pour mieux te résister, j’ai recherché ta haine.

De quoi m’ont profité mes inutiles soins ?

Tu me haïssais plus, je ne t’aimais pas moins.

Tes malheurs te prêtaient encor de nouveaux charmes.

J’ai langui, j’ai séché, dans les feux, dans les larmes.

Il suffit de tes yeux pour t’en persuader,

Si tes yeux un moment pouvaient me regarder.

Que dis−je ? Cet aveu que je te viens de faire,

Cet aveu si honteux, le crois−tu volontaire ?

Tremblante pour un fils que je n’osais trahir,

Je te venais prier de ne le point haïr.

Faibles projets d’un cœur trop plein de ce qu’il aime !

Hélas ! je ne t’ai pu parler que de toi−même !

Venge−toi, punis−moi d’un odieux amour ;

Digne fils du héros qui t’a donné le jour,

Délivre l’univers d’un monstre qui t’irrite.

La veuve de Thésée ose aimer Hippolyte !

Crois−moi, ce monstre affreux ne doit point t’échapper.

Voilà mon cœur : c’est là que ta main doit frapper.

Impatient déjà d’expier son offense,

Au−devant de ton bras je le sens qui s’avance.

Frappe. Ou si tu le crois indigne de tes coups,

Si ta haine m’envie un supplice si doux,

Ou si d’un sang trop vil ta main serait trempée,

Au défaut de ton bras prête−moi ton épée.

Donne.

 

File:Hippolytus Phaedra Louvre Ma 2294.jpg

19 Réponses

  1. Une quinzaine façon théâtre, tout un art que d’interpréter du Racine, Corneille ou Molière… et déjà en tant qu’élève retenir leurs textes… bises, jill

    J’aime

    16 janvier 2020 à 0 h 19 min

  2. superbe bises

    J’aime

    16 janvier 2020 à 0 h 29 min

  3. Un très bon choix, Gisèle !!!
    Ce que l’on a appris par coeur, oui, l’on s’en souvient surtout que ce n’était pas si facile à apprendre, tout de même …
    Bon jeudi tout entier,
    Bises♥

    J’aime

    16 janvier 2020 à 3 h 28 min

  4. Un bon choix
    Que tu as rondement mené
    Plaisir de te lire
    Bisous

    J’aime

    16 janvier 2020 à 6 h 11 min

  5. respir57

    Le langage a bien changé mais la tragédie reste. Nous avons eu deux jours notre petite fille. Cet après midi je vais essayer de trouver quelque chose. Belle journée.

    J’aime

    16 janvier 2020 à 9 h 48 min

  6. trezjosette2

    bravo pour la mémoire !
    j’aimais aussi « Ariane ma soeur de quels amours blessés…
    Que passion dans ce théâtre classique ; nous avons été bercé par des mots et nous les avons imaginé ces héros…

    J’aime

    16 janvier 2020 à 10 h 55 min

  7. J’ai bien apprécié . Bonne journée

    J’aime

    16 janvier 2020 à 11 h 03 min

  8. monicacecile

    eh bien bravo pour Phédre
    j ai bien aimé
    bonne journée pour toi
    kénavo

    J’aime

    16 janvier 2020 à 11 h 35 min

  9. Bonjour Gisèle, que de souvenirs de ces pièces où nous avons appris par coeur des tirades. Bisous et bon après-midi MTH

    J’aime

    16 janvier 2020 à 14 h 59 min

  10. Et tu arrive a garder tout ce texte en mémoire pourtant il est pas simple! Bravo bisous

    J’aime

    16 janvier 2020 à 15 h 38 min

    • Non, non Renée pas tout le début uniquement , ma mémoire n’est pas aussi performante .

      J’aime

      16 janvier 2020 à 17 h 12 min

  11. mireille du sablon

    … et tu te souviens de tout? quelle mémoire!
    Bises de Mireille du sablon

    J’aime

    16 janvier 2020 à 17 h 08 min

    • Non , non Mireille juste le début jusqu’à poison pour être exacte .

      J’aime

      16 janvier 2020 à 17 h 14 min

  12. Une belle tirade pleine de passion/Phèdre un personnage très fort! Un très bon choix. bONNE SOIR2E

    J’aime

    16 janvier 2020 à 20 h 01 min

  13. ABC

    J’aimais beaucoup étudier ces pièces, il faut dire que j’ai eu de la chance d’avoir des professeurs de français qui savaient nous les faire découvrir et aimer, avec le plaisir d’en jouer quelques scènes…

    J’aime

    16 janvier 2020 à 21 h 20 min

  14. Pingback: Défi 230, vos participations – le blog de la communauté des croqueurs de mots

  15. Merci pour cette révision

    J’aime

    18 janvier 2020 à 9 h 58 min

  16. Je suis admirative que tu aies et saches encore par coeur cette tirade ! J’ai étudié Phèdre comme tous les élèves de ma génération, avec intérêt mais sans passion pour les vers. Le sens m’importait plus et j’ai eu du mal à voir la pièce (il est vrai diffusée sur écran) plus récemment. Comme quoi
    bises et belle journée

    J’aime

    20 janvier 2020 à 12 h 16 min

    • Non Jeanne pas en entier , jusqu’à poison seulement , ah si seulement ma mémoire n’avait pas subi des ans l’irréparable outrage !!

      J’aime

      20 janvier 2020 à 12 h 57 min

Laisser un commentaire