jeudi poésie
Fanfan ( clic) à la barre du vaisseau des croqueurs de mots pour la quinzaine nous propose de partager un poème de Victor Hugo.
Être aimé
Écoute-moi. Voici la chose nécessaire :
Être aimé. Hors de là rien n’existe, entends-tu ?
Être aimé, c’est l’honneur, le devoir, la vertu,
C’est Dieu, c’est le démon, c’est tout. J’aime, et l’on m’aime.
Cela dit, tout est dit. Pour que je sois moi-même,
Fier, content, respirant l’air libre à pleins poumons,
Il faut que j’aie une ombre et qu’elle dise : Aimons !
Il faut que de mon âme une autre âme se double,
Il faut que, si je suis absent, quelqu’un se trouble,
Et, me cherchant des yeux, murmure : Où donc est-il ?
Si personne ne dit cela, je sens l’exil,
L’anathème et l’hiver sur moi, je suis terrible,
Je suis maudit. Le grain que rejette le crible,
C’est l’homme sans foyer, sans but, épars au vent.
Ah ! celui qui n’est pas aimé, n’est pas vivant.
Quoi, nul ne vous choisit ! Quoi, rien ne vous préfère !
A quoi bon l’univers ? l’âme qu’on a, qu’en faire ?
Que faire d’un regard dont personne ne veut ?
La vie attend l’amour, le fil cherche le nœud.
Flotter au hasard ? Non ! Le frisson vous pénètre ;
L’avenir s’ouvre ainsi qu’une pâle fenêtre ;
Où mettra-t-on sa vie et son rêve ? On se croit
Orphelin ; l’azur semble ironique, on a froid ;
Quoi ! ne plaire à personne au monde ! rien n’apaise
Cette honte sinistre ; on languit, l’heure pèse,
Demain, qu’on sent venir triste, attriste aujourd’hui,
Que faire ? où fuir ? On est seul dans l’immense ennui.
Une maîtresse, c’est quelqu’un dont on est maître ;
Ayons cela. Soyons aimé, non par un être
Grand et puissant, déesse ou dieu. Ceci n’est pas
La question. Aimons ! Cela suffit. Mes pas
Cessent d’être perdus si quelqu’un les regarde.
Ah ! vil monde, passants vagues, foule hagarde,
Sombre table de jeu, caverne sans rayons !
Qu’est-ce que je viens faire à ce tripot, voyons ?
J’y bâille. Si de moi personne ne s’occupe,
Le sort est un escroc, et je suis une dupe.
J’aspire à me brûler la cervelle. Ah ! quel deuil !
Quoi rien ! pas un soupir pour vous, pas un coup d’œil !
Que le fuseau des jours lentement se dévide !
Hélas ! comme le cœur est lourd quand il est vide !
Comment porter ce poids énorme, le néant ?
L’existence est un trou de ténèbres, béant ;
Vous vous sentez tomber dans ce gouffre. Ah ! quand Dante
Livre à l’affreuse bise implacable et grondante
Françoise échevelée, un baiser éternel
La console, et l’enfer alors devient le ciel.
Mais quoi ! je vais, je viens, j’entre, je sors, je passe,
Je meurs, sans faire rien remuer dans l’espace !
N’avoir pas un atome à soi dans l’infini !
Qu’est-ce donc que j’ai fait ? De quoi suis-je puni ?
Je ris, nul ne sourit ; je souffre, nul ne pleure.
Cette chauve-souris de son aile m’effleure,
L’indifférence, blême habitante du soir.
Être aimé ! sous ce ciel bleu – moins souvent que noir –
Je ne sais que cela qui vaille un peu la peine
De mêler son visage à la laideur humaine,
Et de vivre. Ah ! pour ceux dont le cœur bat, pour ceux
Qui sentent un regard quelconque aller vers eux,
Pour ceux-là seulement, Dieu vit, et le jour brille !
Qu’on soit aimé d’un gueux, d’un voleur, d’une fille,
D’un forçat jaune et vert sur l’épaule imprimé,
Qu’on soit aimé d’un chien, pourvu qu’on soit aimé !
Victor Hugo 14 mars 1874
Cirant besoin d’amour, sans qui on est bien peu de chose, l’argent n’achetant lui pas tout… merci Jazzy, bises, jill
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23 janvier 2020 à 0 h 17 min
Oui, juste et raisonnable, que d’être aimé … j’♥ bien sa finale ! Un très bon choix, Gisèle !
Bonne journée,
Bises♥
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23 janvier 2020 à 4 h 57 min
superbe ce poème bises
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23 janvier 2020 à 7 h 14 min
…aimer, aimons, aimé…vive Victor et sa poésie!
Bises du jour
Mireille du sablon
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23 janvier 2020 à 7 h 49 min
Bonjour d’Angers
Bon ! Mais moi j’ai même pas de chien ! …
Bonne journée … Amicalement … Claude
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23 janvier 2020 à 9 h 17 min
il n’y a pas de vie sans amour… au moins des fleurs !
merci pour cette belle envolée jazzy et à cette belle idée de Fanfan qui nous permet ici de lire et relire le grand Victor
Bises gelées
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23 janvier 2020 à 9 h 27 min
Je suis comme Colette, j’aime beaucoup la fin !
Bon jeudi et merci pour les jolies roses qui illuminent la grisaille ambiante.
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23 janvier 2020 à 10 h 08 min
Sans amour comment vivre ? La chute est très explicite et vrai.
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23 janvier 2020 à 10 h 26 min
Oui qu’importe qui vous aime le principal est de se sentir aimé. Cela permet de mieux aimer aussi
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23 janvier 2020 à 10 h 51 min
Victor Hugo sait trouver les mots. Quel grand poème !
L’amour est la meilleure richesse. Bises
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23 janvier 2020 à 11 h 11 min
Beau poème …Bonne journée. Bises
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23 janvier 2020 à 11 h 17 min
Coucou Gisèle il est sublime ce poème, bisous MTH
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23 janvier 2020 à 13 h 51 min
Parfois vaut mieux d’un chien que d’un traître…..Bisous Gisèle
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23 janvier 2020 à 16 h 03 min
Bon choix
C’est si important d’être aimé !
Biz
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23 janvier 2020 à 17 h 05 min
Tu as eu la bonne idée de mettre ce poème formidable. Plein de bon sens, de poésie, qui fait réfléchir.
Merci et belle soirée
Gros bisous
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23 janvier 2020 à 18 h 02 min
Pingback: Défi 230, vos participations – le blog de la communauté des croqueurs de mots
C’est un superbe poème.Un vrai bon choix. Pour exister ,il faut être aimé;il a raison. Bonne journée
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24 janvier 2020 à 9 h 20 min