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L’œil extatique suite

C’est avec le film “Octobre” de Serguei Eisenstein que nous avons rendez – vous maintenant .

En 1927 pour célébrer le dixième anniversaire de la révolution d’octobre, le pouvoir soviétique passe commande au cinéaste d’un film monument . Grâce au succès du “cuirassé Potemkine”, il est doté de moyens pharaoniques. Eisenstein ne se contente pas de réaliser un film à la gloire du régime, il tente d’instaurer un cinéma intellectuel capable de concilier émotion et raisonnement philosophique . Le film sera l’objet de nombreuses censures  et remaniements, Staline serait intervenu pour la première fois pour éliminer toute présence de Trotski.

“Octobre” est traversé par l’art de la statuaire à laquelle le cinéaste assigne un puissant symbolisme .

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“L’éternel printemps” Auguste Rodin

Dans le film , à la vue de “l’éternel printemps” d’Auguste Rodin, une soldate du bataillon de la mort (une des dernières formations militaires à défendre le palais d’Hiver) capitule.

Pour l’arrivée de Lénine à la gare de Finlande, il préfère aux images d’archives un sosie provoquant la colère des membres du front gauche de l’art qui préconisent une approche documentaire. (le chef révolutionnaire faisant l’objet d’un culte qu’aliment les nombreuses représentations officielles ).

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Portrait de Lénine d’Isaac Brodski

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En 1926 Eisenstein commence un film sur la modernisation des campagnes soviétiques , ligne générale du Parti . Interrompu par la  commande d’”Octobre” , il reprend en 1928 avec un scénario remanié. Sous la pression de Staline le film doit glorifier l’entreprise de collectivisation du monde rural . Il s’intitule “ l’Ancien et le Nouveau “.

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“L’Ancien et le Nouveau “ mêle des références à l’architecture rationaliste de “Le Corbusier”, à la mythologie (pour le couple formé par le taureau Fomka et la paysanne Marfa  inspiré de l’enlèvement d’Europe) .

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En 1930 Eisenstein part travailler à Hollywood, fin décembre il débute au Mexique le tournage d’un film retraçant l’histoire de son peuple .Outre sa dimension politique le projet comporte des aspects ethnologiques et anthropologiques . Malheureusement ce film “ Que Viva Mexico” ne  sortira jamais, le budget initial largement dépassé  et aussi parce que Staline somme le cinéaste de rentrer en URSS.

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Une place très importante est réservée aux rituels des Mexicains , le jour des morts hérité des Aztèques et célébré le 1 et le 2 novembre joue un rôle central dans le film qu’il devait clore.

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Eisenstein au Mexique renoue avec le paradis perdu et retrouvé de l’art graphique .Il s’adonne à des compositions mêlant érotisme et cruauté , irrévérence et humour .

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Pour “Alexandre Nevski” (retraçant la résistance victorieuse des Russes contre l’invasion teutonique au XIII ème siècle )  Eisenstein entame une collaboration féconde avec le compositeur Serge Prokofiev dont la partition contribue à l’immense succès du film .

Ci dessous  “ montage vertical “ avec les correspondances audiovisuelles entre les images de la séquence de la bataille sur le lac Peïpous et la musique de Prokofiev .

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En 1941 le cinéaste se voit confier la réalisation d’un film sur Yvan le Terrible ,

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l’occasion rêvée pour Staline de justifier son recours à la terreur . 

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Les références à l’histoire de l’art ( icône byzantine, estampes japonaises, expressionisme allemand)  sont nombreuses .

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Ces portraits de Pavel Korine semblent vraiment  tirés du film .

L’exposition aborde pour finir la partie théoricien et historien de l’art de Sergueï Eisenstein .

Dans “la psychologie de l’art” de 1940  il note :” la méthode du cinéma est comme un verre grossissant rendant visible la méthode de chacun des arts” .

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Le massacre des innocents (atelier de Le Tintoret)

Selon lui l’œuvre de Le Tintoret appartient à l’histoire du montage en peinture en raison de sa capacité à dynamiser les figures et à mettre en mouvement l’espace de représentation .

Inutile de vous préciser que “ L’œil extatique “ comporte beaucoup plus d’œuvres présentées et que si vous en avez l’occasion  vous avez jusqu’au 24 février 2020 pour voir cette exposition au centre Pompidou Metz .

 

11 Réponses

  1. encore une superbe série merci pour le partage bises

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    5 décembre 2019 à 12 h 58 min

  2. C’est bien beau de visiter telle exposition, ainsi, en savoir plus c’est enrichissant, merci, bises

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    5 décembre 2019 à 13 h 32 min

  3. Bonjour d’Angers !
    Très productif ce Eisenstein ! …
    Bonne journée … Amicalement … ¢ℓαυ∂є …

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    5 décembre 2019 à 13 h 39 min

  4. mireille du sablon

    Merci tout plein pour ce rappel d’une expo qu’il faut absolument voir pour qui est dans le coin! Nous l’avons bien appréciée toutes les 4…
    Bisous du jour…dans le brouillard de bon matin.
    Mireille du sablon
    … à demain si possible

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    6 décembre 2019 à 8 h 34 min

  5. Beau partage…Bonne journée 🙂

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    6 décembre 2019 à 10 h 11 min

  6. Une belle suite !
    Bisous

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    6 décembre 2019 à 14 h 26 min

  7. bravo aux organisateurs d’avoir su proposer une telle exposition
    merci à toi pour ce partage jazzy

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    6 décembre 2019 à 14 h 28 min

  8. respir57

    une exposition semblant très intéressante. MErci pour toutes les photos.
    Ah oui la pluie, même le chien n’aime pas. Bises

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    6 décembre 2019 à 20 h 50 min

  9. Bonsoir Gisèle encore une belle visite, merci, bisous et bonne soirée MTH

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    6 décembre 2019 à 21 h 02 min

  10. c’est bien intéressant cette mise en regard …

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    8 décembre 2019 à 19 h 05 min

  11. Pingback: Lundi soleil | le bon coté des choses

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